Bonjour,

C’est bien, on vous attendait depuis quelques jours, c’est bien de vous voir, de vous accueillir ici.

Nous voilà, maintenant ensemble à l’UNESCO.

L’éducation à l’environnement, l’éducation relative à l’environnement, telle qu’elle est, c’est à dire celle de la pratique, est à l’UNESCO.

Et la semaine dernière, le Collectif Français Français pour l’Education à l’Environnement, nous étions à l’Assemblée Nationale animant avec le Président de l’Assemblée, notre conférence de presse.

Tiens, voilà l’éducation à l’environnement qui sort du bois.

Là voilà qui sort des ruisseaux.

Là voilà qui sort des bourgs et des villes.

Là voilà qui sort de la brousse,

Là voilà qui sort des territoires.

Donc c’était possible.

C’était possible qu’on se retrouve.

Bientôt mille.

Qu’on se retrouve originaires de quarante-deux pays différents parlant une même langue, partageant de nombreuses tranches d’histoire francophone.

Possible qu’on se retrouve à l’UNESCO, dans cette maison des Nations Unies, dédiée aux sciences, à la culture, à l’éducation.

C’était possible simplement parce que nous l’avons voulu et désiré ainsi nombreux.

Du fond du cœur et au nom du Collectif Français pour l’Education à l’Environnement et de ses partenaires, merci d’être venu.

Je remercie Madame , je remercie le Directeur Général de l’UNESCO, de nous avoir ouvert sa maison, notre maison, d’avoir soutenu notre projet et donné son patronage.

Je remercie le Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, le Président de la République Française et le Premier Ministre qui nous ont donné leur patronage, le Président de l’Assemblée Nationale, l’ensemble des ministères et des gens qui y travaillent et les partenaires.

Planet’ERE n’a pas commencé aujourd’hui, ni hier. On sait Montréal 97.

On sait moins tous ses acteurs, beaucoup sont ici, qui depuis des mois s’activent à échanger, à projeter, à convaincre, à entreprendre pour notre réussite. Ils sont plus de 60 pays au contact.

On sait, toutes ces régions de France, y compris les DOM TOM, qui se sont mobilisées, qui se sont organisées, qui ont donné le meilleur d’elles-mêmes. Les retours, les bilans de ces 3 derniers jours dans les 11 régions, comme celui de l’Ile de La Réunion du mois de juin, sont excellents.

Le sommet de la terre de Rio a révélé une nouvelle proposition.

Rio a levé un immense espoir en nous.

Nous y avons cru, aux mots de Rio.

Nous sommes nombreux ici à les avoir pris comme des contrats écrits.

Et quel résultat ?

Avons-nous réuni en 1992 le plus grand nombre de chefs d’état de toute l’histoire de l’humanité pour en arriver là ? Si peu de résultats !

Plus que des hommes de parole, nous voulons retrouver des hommes de geste.

Parce que nul ne peut le contester, au moment de l’urgence, la légitimité vient du geste aussi, elle vient du geste principalement.

Mais les humains n’ont pas attendu la question de l’environnement et les monceaux de problèmes qu’elle pose pour dire et ne pas faire. Et on a personne à qui jeter la pierre.

Dès 1948, le préambule de la déclaration universelle des droits de l’homme annonçait l’avènement d’un monde où les humains seraient ”libérés de la terreur et de la misère”.

53 ans après, ”la terreur et la misère” sont là toutes les deux à portée de main toujours et où que nous soyons sur la planète.

Une corporation est née à Rio.

La corporation des artisans du développement durable.

Ils s’acharnent, dans un esprit positif, à travailler pour la santé, pour le droit des femmes, pour le droit des enfants, pour les droits de l’homme, pour le commerce équitable.

Ici, en face de vous, vous avez les artisans du développement durable, actifs sur le chantier de l’éducation, dans la francophonie et au-delà.

Nous nous sommes retrouvés à Montréal en 1997, nous français, nous nous sommes retrouvés à Lille aux Premières Assises Nationales de l’Education à l’Environnement, pour préparer ces journées que nous vivons et rédiger notre Plan National d’Action que vous connaissez peut-être.

Nous nous retrouvons en France aujourd’hui à Paris, nous nous retrouverons à Johannesburg en 2002.

Mais pourquoi tout ça ?

Nous sommes là pour dire qu’il y a autre chose.

Qu’il y a autre chose, pas seulement dans les idées, ou dans les rêves.

Le rêve d’une humanité qui serait simplement à la hauteur de ce simple mot ; humanité.

Bien plus que des idées, il y a une pratique, une pratique de la tête bien faite.

Une pratique d’aide à la compréhension du monde.

Nous le savons, nous autres, qui oeuvrons au quotidien avec des moyens de fortune.

Nous voulons une fois de plus le dire à notre société humaine et mondiale,

cette fois c’est l’heure d’un pari.

Il faut choisir enfin entre l’intention et l’attention, entre l’opinion et l’intelligence, entre le bourrage de crâne et l’esprit critique.

Le monde a besoin de têtes bien faites.

Parier sur une éducation qui refuse de dire ce qu’il y a à faire ou à penser, sur une éducation qui fait confiance en la personne, en l’humain, qui, si loin soit il, est ancré au plus profond de tous les humains.

Humain planétaire solidaire.

Solidaire avec la terre, avec nos enfants, avec nos arrières arrières petits enfants.

Solidaires de nos pères, avec les pères de nos pères.

Je regarde une goutte de rosée, ou alors un animal dans la prairie, ou le vol d’un oiseau, un poisson dans l’eau, les couleurs d’un marché, la beauté d’un quartier, le sourire d’un visage au détour d’une rue, la chaleur d’une maison. Dans l’instant de ce contact, j’appartiens au monde.

Dans un groupe, au moment où une chose juste est dite, et où l’écoute de tous est là, à partir de ce moment-là j’appartiens à la collectivité, je fais société, je rentre dans le corps social.

Et cela, cette appartenance au monde de l’eau, de l’air, des plantes, des bêtes, de la nuit, de la pluie, et cette appartenance à la société des humains, celle qui s’écoute, celle qui débat, celle qui respecte, celle qui construit, ça donne sens à ma vie.

C’est en participant du monde, et participant du groupe, que j’apprends, m’attache, me responsabilise. L’éducation à l’environnement, c’est la culture de la présence au monde, de la présence aux autres, de la présence à soi, c’est la culture du lien de l’écoute et de l’entente.

Un sujet nous interrogera certainement plus que d’autres, normalement pour le meilleur, certains pensent pour le pire, c’est celui du “développement durable”. Le meilleur étant de trouver les voies politiques d’un développement allant vers un équilibre entre les sphères sociale, environnementale, culturelle et économique, et qui ne compromette pas le développement des générations futures ; le pire étant de laisser ceux qui détiennent les pouvoirs politique, économique, médiatique revêtir d’un habit neuf le monstre qui dévore la beauté du monde et des gens.

Solidaire, équitable, responsable, le voilà notre développement durable à nous.

L’éducation n’est pas là pour perpétuer le monde, elle est là pour l’inventer, le construire.

La lutte pour la démocratie est avant tout un combat contre l’ignorance.

C’est d’une culture de la citoyenneté et d’une culture de l’environnement dont nous avons besoin.

Nous le voyons bien, elles ne sont pas uniquement techniques les solutions pour l’environnement, elles ne sont pas uniquement réglementaires, pas plus que financières.

On sait bien que ce sont les modes de vie de tous les humains qui sont en jeu, la solution à l’urgence environnementale passe par un engagement clair des sociétés.

C’est la solution sociale qui prime. Pour cela il est nécessaire de faire société.

L’éducation à l’environnement est productrice de corps social.

Nous voulons une éducation à l’environnement qui soit une école de démocratie.

Deux mots clés sont là évidents au-dessus de nous ; partenariat et projet.

Ils nous disent c’est d’abord le faire ensemble, c’est d’abord l’action et les perspectives,

Nous prenons la démocratie non comme un acquis mais comme un projet pour toutes les sociétés humaines.

Le monde des peuples existe-t-il ?

L’intelligence entre les organisations existe t’elle ?

Ce n’est qu’incompréhension, que fracture.

Pour combien ici la conférence des ministres de Seattle a été un échec ?

Pour combien Seattle restera dans les mémoires comme une victoire ?

Sommes-nous tous de cette planète ? Oui.

Sommes nous tous citoyen de cette planète ? Non, certainement pas.

Non, pour être citoyen, il faut se parler, il faut se rencontrer, il faut s’ouvrir les uns aux autres sur un projet commun.

Nous sommes ici parce que nous sommes en alerte.

Nous mettons cette énergie dans nos actions au quotidien.

Nous mettons cette énergie ces jours-ci dans notre projet commun.

Parce que nous sommes en alerte.

Je ne sais pas si ceux qui disent doivent faire, mais je suis profondément convaincu que ceux qui font peuvent et doivent dire.

Ceux qui se promènent dans la campagne avec un groupe, ceux qui agissent pour l’eau, ceux qui cherchent à produire et consommer autrement, ceux qui plantent des arbres, ceux qui forment élus et techniciens, ceux qui cherchent, expérimentent parce que nul ne sait, ceux qui se battent pour que des moyens soient attribués.

Nous sommes des faiseurs.

Nous sommes du geste.

C’est entendu.

Dans l’urgence c’est l’agir qui est légitime.

Nous agissons pour la rivière, pour la démocratie, pour la biodiversité, pour la paix, pour l’air, pour l’eau, pour les oiseaux, pour la justice.

Pragmatiques, nous avançons avec le véhicule et l’énergie que nous avons sous la main et dans le cœur.

Nous sommes ensemble.

Et c’est ce que nous voulons ; être ensemble.

Et développer ensemble nos actions pour l’éducation; de l’agir local où nous sommes habituellement, du penser global que nous pratiquons aussi régulièrement, nous passons à l’agir global et aussi au penser local.

Mais si ça dure une semaine, c’est comme un rêve.

Qui, cette fin novembre, nous aurait donné une impression de réalité.

C’est pas travailler ensemble six jours que nous voulons.

C’est travailler ensemble pour de bon.

Créer ici des liens durables, nous rencontrer réellement, et repartir chacun chez soi nombreux avec un projet de partenariat à vivre, tous faisant partie d’un réseau.

Faut-il créer une ONG? Faut-il se structurer chacun dans son pays ? Je l’ignore

Mais ce que je sais c’est que nous devons avancer dans cet esprit de partenariat et de respect réciproque entre société civile et Etat.

Ainsi nous pourront c’est urgent et nécessaire pour l’avenir faire en sorte que l’éducation soit un point focal au sommet mondial du développement durable de Johannesburg, et qu’enfin le geste soit possible partout, pour cela nous sommes là, nous avons besoin de vous.

Roland Gérard Coordinateur du Collectif Français pour l’Education à l’Environnement





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