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SONDAGE EXCLUSIF


Les Français et l’éducation à l’environnement


Les principaux résultats de l’enquête réalisée pour la Fondation de France

A la demande de la Fondation de France, la SOFRES a réalisé les 7 et 8 novembre 2001 un sondage auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Cette enquête invitait les Français à analyser les facteurs des problèmes écologiques actuels, la place de l’éducation à l’environnement et les pratiques individuelles dans ce domaine. Ses principaux résultats peuvent être synthétisés en quelques grands axes.

1. L’environnement : un enjeu politique et social devient une valeur à transmettre

Tout d’abord, la préservation de l’environnement est considérée comme un enjeu de société prioritaire par près de quatre Français sur dix (39%), qui témoignent ainsi d’une sensibilité élevée aux problèmes environnementaux. Ceux qui expriment une absence d’intérêt sont très marginaux (3%), la majorité des Français (58%) considérant en réalité qu’il s’agit d’un thème« très important mais pas prioritaire ». Mais contrairement à une idée fréquemment répandue, on n’observe pas de progression de la sensibilité environnementale depuis la fin des années quatre-vingt : en 1989, déjà 41% des Français l’estimaient prioritaire, soit en réalité un très léger fléchissement en douze ans.

Autre cliché démenti : les préoccupations environnementales ne sont pas le fait de jeunes urbains éduqués issus des classes moyennes ou supérieures, elles sont aussi répandues chez les plus de 50 ans et les milieux populaires, et davantage dans les petites villes que dans les grands centres urbains.

En réalité, on observe que le respect de l’environnement, relativisé comme priorité sociale, occupe une place centrale parmi les valeurs individuelles, celles que l’on transmet aux enfants. Après le respect des autres, cité à l’unanimité (91%), et la tolérance (61%), mais avant la solidarité (54%) et le sens de l’effort (47%), le respect de l’environnement et de la nature est cité par 57%. On notera que c’est parmi les catégories populaires et, logiquement, ceux qui font de l’enjeu environnemental une priorité, que ce thème est le plus mis en avant. En revanche, le fait d’avoir ou non des enfants est indifférent.

2. Renvoyée vers les comportements individuels, la préservation de l’environnement passe de plus en plus par l’éducation

Si le souci écologique devient une valeur à transmettre, c’est qu’il entretient une relation étroite avec l’éducation. Les Français font ainsi un lien très net entre les attitudes responsables dans ce domaine et l’éducation reçue : 56% des interviewés interprètent les comportements anti-environnementaux comme le révélateur d’un manque d’éducation. Mais 41% les analysent plutôt comme de l’égoïsme, une absence d’esprit civique. Le débat n’est donc pas clôt entre ceux qui estiment que l’éducation est une variable déterminante, et ceux qui en relativisent la portée et pointent la fréquente mise entre parenthèses de l’éducation, le temps d’un acte incivique. Seuls 2% les mettent sur le compte d’une absence de choix possible.

C’est pourtant la voie éducative qui paraît, et de loin, la plus efficace aux yeux des citoyens pour lutter contre la dégradation de l’environnement. Confrontés à quatre types d’action à privilégier – l’éducation, l’action politique, la recherche scientifique et la sanction judiciaire – les Français sont 71% à estimer que l’éducation doit être la priorité. Cela indique que les enjeux environnementaux sont aujourd’hui, aux yeux du public, intimement liés à nos comportements quotidiens, et moins à la gestion politique ou économique de risques industriels ou de pollutions de type catastrophique. La priorité souhaitée en faveur de l’éducation traduit une prise de conscience de la portée de nos gestes quotidiens, mais aussi une relativisation de l’arsenal réglementaire ou judiciaire dans un secteur qui n’est pas perçu comme sous-réglementé.

Quant à l’efficacité réelle, à plus long terme, d’une éducation à l’environnement plus développée qu’elle ne l’est actuellement, les optimistes et les fatalistes se partagent en deux camps quasi égaux : 50% pensent que cela permettrait d’améliorer « beaucoup » la préservation de l’environnement, 44% n’y croient pas réellement mais répondent – poliment – que cela y contribuerait « un peu ». Là encore, les plus convaincus ne sont pas les plus jeunes, mais les adultes actifs, entre 35 et 64 ans, et ceux qui ont des enfants (54% contre 41% chez ceux qui n’en ont pas).

3. L’éducation à l’environnement : priorité aux jeunes

Les Français semblent persuadés que l’éducation à l’environnement aura une efficacité beaucoup plus forte si l’on privilégie les enfants et les jeunes, car cela « pourra influencer leur comportement pour la vie » (57%). 14% pensent au contraire qu’une efficacité immédiate passe plutôt par l’éducation de ceux qui peuvent agir dès maintenant, les adultes ; 28% estiment enfin spontanément qu’on ne devrait pas choisir et éduquer les uns et les autres. Et plus on fait de l’environnement une priorité, plus on privilégie les jeunes.

Trois acteurs doivent être au cœur d’un tel dispositif : évidemment les parents, à l’unanimité (93%), mais aussi les enseignants, très nettement interpellés par 77% des interviewés, et plus surprenant : la télévision, citée par 56%. Les animateurs (de colonie, par exemple) viennent ensuite avec 35% de citations. Contrairement à ce que l’on pense parfois, les médias sont donc perçus par les parents comme de bons vecteurs d’information environnementale, par leur puissance mais aussi sans doute par le pouvoir évocateur de l’image. En comparaison, la presse ne recueille qu’un score médiocre (15%), mais plus élevé qu’Internet, pourtant plus à la mode (13%). Autre score décevant : celui des scientifiques (12%), qui s’explique par le fait que leur discours apparaît comme trop complexe pour les jeunes s’il n’est pas médiatisé.

4. L’école limitée à l’environnement correct ?

Puisque l’école est interpellée, comment doit-elle s’y prendre pour sensibiliser son public à l’environnement ? D’abord en favorisant les activités comme les classes vertes ou les sorties découvertes, considérées comme efficaces par plus de huit Français sur dix, et même « très efficaces » par 29%.

En abordant des thèmes environnementaux en cours, également, mais pas n’importe lesquels. En observant la hiérarchie du classement opéré par les Français, on s’aperçoit que ceux-ci évitent soigneusement le sujets les plus polémiques. Pour simplifier : priorité aux causes de la pollution et du réchauffement de la planète (entre 50% et 73%), mais des thèmes comme les OGM, la surexploitation des ressources naturelles, le tiers-monde, le nucléaire ou les conditions de production agricole sont cités par moins d’un tiers des interviewés, comme si l’école n’était pas qualifiée pour aborder ces problèmes avec les élèves. Le paradoxe est qu’aujourd’hui les parents font peut-être davantage confiance à la télévision qu’à l’école pour traiter de questions difficiles, polémiques, mais citoyennes.

5. Des pratiques parentales à l’éducation des enfants

Qu’en est-il des gestes quotidiens écologiquement responsables ? L’école semble encore plus marginalisée ici puisque c’est bien le domaine revendiqué des parents. Dans tous les cas testés dans l’enquête qui concernent la sphère domestique, jeter les papiers à la poubelle, économiser l’eau et l’énergie, trier les déchets ou rapporter ses piles usagées, c’est aux parents qu’il revient d’éduquer les enfants. Seuls secteurs où l’école peut apparaître complémentaire : ceux qui impliquent la transmission d’un savoir. Ainsi la connaissance et le respect de la faune et de la flore (49% les parents, 20% l’école, 31% les deux), et aussi connaître et choisir des produits qui préservent l’environnement (64%, 13%, 22%) ou connaître et respecter les animaux (61%, 11%, 28%).

Au-delà de ces bonnes intentions, quel est l’état des pratiques au sein du foyer ? Un certain nombre d’apprentissages liés à l’économie de l’eau et de l’énergie, ou jeter ses papiers ou chewing-gums à la poubelle, font partie des incontournables de l’éducation. D’autres gestes ont en revanche encore du mal à être inculqués par les parents : économiser le papier en dessinant des deux côtés d’une feuille, par exemple, n’est évoqué que par 39% des parents ; apprendre à récupérer les piles des jouets pour qu’elles soient recyclées, par 33%, et apprendre à trier les déchets n’est le cas que dans moins d’un foyer sur trois, alors qu’aujourd’hui 73% des Français déclarent dans notre enquête trier leurs déchets.

Il y a donc un écart entre pratiques adultes et éducation quand les gestes concernés sont plus nouveaux pour les adultes eux-mêmes : le tri des déchets et le recyclage des piles peuvent être classés dans cette catégorie, comparés aux économies d’énergies, par exemple, pour lesquelles la prise de conscience remonte aux années soixante-dix.

Ce qui valide le fait que pour transmettre un comportement, ou des valeurs, il faut d’abord les intégrer soi-même. Et relativise également la priorité donnée à l’éducation des jeunes uniquement : si la préservation de l’environnement intervient de plus en plus dans l’éducation parentale, alors la sensibilisation des adultes reprend tout son sens. Et dans ce domaine, l’effet pédagogique des pratiques, imposées ou non, comme le tri des déchets ou la limitation de la circulation automobile (que 50% déclarent pratiquer), ne doit pas être négligé : les prises de conscience sont souvent les conséquences des pratiques, et non l’inverse.



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